Deux gouvernements pour un pays ?
Lundi 2 février, le leader de la contestation sociale et politique contre le régime en place, Andry Rajoelina a souffert d'un manque de mobilisation du peuple de la capitale. En effet il avait appelé à une cessation des activités pour le rejoindre sur la place du 13 mai afin de l'accompagner dans sa décision de demander la destitution du président de la République devant la Haute Cour Constitutionnelle. Dès lors la presse malgache et internationale constataient un essoufflement du mouvement de contestation populaire, sous-entendant une crise politique moins importante que prévue. Mais mardi 3 février, le président de la République, Marc Ravalomanana. jusqu'à lors dans une position de défense, a limogé le maire de la capitale, Andry Rajoelina et a nommé Guy Rivo Randrianarisoa* comme président d'une délégation chargée de le remplacer à la tête de la "ville des Milles", tandis que Edmond Rakotomavo est nommé administrateur.
Andry Rajoelina constitue un gouvernement de transition
Ce n'est pas l'annonce de cette destitution qui freine l'opposant, communément appelé "TGV", dans sa procédure de destitution du pouvoir. Au cours d'un nouveau rassemblement sur la place du 13 mai ce matin, 3 février, il a annoncé que son gouvernement de transition est en cours de formation et que les membres seront dévoilés samedi prochain. Il clamait également hier selon RFI : "Nous irons au palais Iavoloha prendre le pouvoir si telle est la volonté du peuple!". Sa démarche devant la Haute Cour Constitutionelle pour destituer le président de la République a été débouté : l'instance n'est pas compétente pour recevoir des procédures comme telle, elle ne peut être appelée pour ce genre de cas seulement par l'Assemblée Nationale et le Sénat.
mercredi 4 : Andry Rajoelina n'accepte pas sa destitution et contre-attaque
Décidément
les jours se suivent et apportent leurs lots d'évènements
contradictoires. Une seule certitude : les dirigeants politiques ne
sont pas prêts à se mettre autour d'une table pour dialoguer et se
concerter afin de mener leur pays et son peuple vers une sortie de
crise. Suite à sa destitution par l'équipe gouvernementale en place du
fauteuil de maire de la capitale, Andry Rajoelina contre-attaque en
nommant lui-même son successeur. En charge de l'administration de la
ville selon lui et ses partisans : Michèle Ratsivalaka*,
jusqu'alors adjointe au maire et anciennement ministre de la lutte
contre la pauvreté et de l'habitat social sous Zafy Albert (président
de la république malgache de 1993 à 1996). Mais alors qui gouverne la
capitale ? Michèle Ratsivalaka ou Guy Rivo Randrianarisoa ?
Deux chefs pour une ville, la capitale, deux chefs pour un pays et une population, lasse des duels politiques mais toujours emplie d'espoir que l'un d'entre eux les conduise vers un avenir meilleur.
A.B.
sources
: France Info, Midi Madagasakary, France 24:
http://www.france24.com/fr/20090204-madagascar-antananarivo-capitale-malgache-andry-rajoelina-manifestation-mairie
* Guy Rivo Randrianarisoa est un homme politique malgache ayant déjà occupé plusieurs postes politiques à la mairie de Tananarive mais aussi dans plusieurs ministères du président de la République Marc Ravalomanana, notamment celui des Affaires étrangères.
* Michèle Ratsivalaka : adjointe au maire en charge des affaires sociales pour la commune urbaine d'Antananarivo, ancienne directrice de banque et du projet Secaline, ministre de la lutte contre la pauvreté et de l'habitat social sous Albert Zafy. Formation en économie politique aux Etats-Unis, mariée avec un général de l'armée. Auteur-éditeur.